La météo représente plusieurs heures par jour de réflexions, tergiversations, digressions, discussions et autres options en tout genre.
Contrairement à ce que laisse penser l'expression «faire un point météo», on ne "fait" pas la météo. On lit, on scrute, on épluche et tente d'analyser différents fichiers 'gribs'* qui ne sont que le résultat de modèles mathématiques de prévisions. Parfois les modèles sont d'accords entre eux, c'est bon signe. Et les choix peuvent être faciles (encore que, ça se discute). Souvent les fichiers divergent que ce soit sur la force du vent et ou sa direction... Dans tous les cas il faut composer avec la lecture que l'on en fait, avec ce que l'on croit pouvoir en déduire, la situation où nous nous trouvons (faut il avancer ou se poser dans un port pour l'avitaillement par exemple) et l'état de forme de l'équipage. Sans parler de ses envies. Une alchimie complexe dont nous sommes loin, très loin, d'avoir toutes les clefs.
Le plus drôle (non) étant que les modèles mathématiques fournissent de nouveaux fichiers toutes les 6 heures. Tout est alors à refaire…ou pas.
Et comme souvent, la réalité constatée est bien différente de tous les scénarios imaginés.
C'est compliqué, c'est incertain, c'est inconfortable.
Tout ceci sans compter sur les aléas techniques que sont les connexions internet défaillantes, les bulletins pas mis à jour ou simplement non disponible, l'écran du PC qui refuse de s'allumer,...
Bon, je vous laisse, il fait que je fasse la météo.
* les fichiers grib s'utilisent avec des outils comme le fameux
xygrib ou directement dans le logiciel de navigation
opencpn
Un fichier grib, modèle 'Arpege' parmi ...
Windy permet de comparer quelques modèles météos et ils ne sont pas vraiment d'accord pour la journée du mercredi. Par contre il y a consensus sur le coup de vent de mardi ;)
Il est 4:30 du matin et il faut déjà appareiller, quitter le mouillage abrité pour pouvoir embouquer l'étroit détroit de Messine à une heure favorable pour les courants.
C'est l'occasion de se retrouver en train de prendre un ris en urgence dans le noir et sous des trombes d'eau. La mer est forte... la journée commence fort.
Heureusement tout s'est très vite calmé et nous passerons le dit Detroit sous le soleil et un tout petit vent, mer plate une fois protégés de la houle par la Sicile.
Mouillage en ville (Milazzo)


Détroit de Messine

Ici les pierres flottent, l’eau bouillonne devant la plage et ça pu l’œuf pourri : C’est joli mais pas très romantique de mouiller sous un volcan (Ila Volcano). Par contre c’est magnifique. Sophie s’est baignée dans une eau limpide (une fois de plus) avant que celle-ci ne devienne laiteuse… Je décide d’attendre d’autres lieux pour me baigner. Pas fou.
Tout cela n’empêche pas les mouillages d’être blindés de monde, même fin septembre. Du coup les gens du coin te proposent de prendre une bouée pour la modique somme de 60 € la nuit… il est tard, le vent se lève, plus trop le choix.
Les fumées de soufre sont visibles à l'oeil nu... et au nez ;-)
La côte nord sicilienne n'offre que peu de mouillages protégés de la houle de Nord. Tant qu'à ne pas dormir, ou mal, nous profitons de la nuit pour avancer vers l'Est. Au petit matin, nous sommes entre les îles Éoliennes et l'Etna.
Et le levé du jour sur une montagne qui fume, l'Etna, c'est joli, impressionnant. Une bien belle façon de commencer la journée.
Cap d’Orlando. La faculté des hommes d’églises à s’octroyer de belles places m’étonne toujours. Le phare, pour la sécurité des marins, se contente de la portion congrue.
Vivre 24 heures sur 24 sur son bateau tout en changeant de mouillage ou de port tout le temps ne permet pas de croiser du monde. Du moins, ceux que l’on croise ne sont que croisés. Pas ou peu d’échanges. Surtout avec la barrière de la langue. Depuis 2 mois que nous sommes partis, nous ne parlons qu’entre nous. Exceptions faites de rares échanges commerciaux dans les quelques ports où nous avons fait escale. C’est bien peu. Heureusement qu’entre nous cela fonctionne aux petits oignons.
Mais les interactions sociales nous manquent. Pour ne pas dire que nos amis nous manquent.
Murs peints dans un village sicilien.
Forêt d'Eucalyptus
Arbre plié par l'effort
Vu de haut, les mouillages rouleurs sont faciles à detecter ;-)
Le soleil chauffe le pont. Nous nous protégeons en passant du temps à l'intérieur du carré. Ce ne sont pas les choses à faire qui manquent. Prendre soin de soi, tenir le livre de bord, revoir -encore et toujours- les différents scénarii météo, lire, cuisiner, dormir... régulièrement, l'un de nous sort vérifier les réglages de voile sur le pont et faire un tour d'horizon (Ce serait dommage de percuter un autre bateau au milieu de l'eau).
Ce matin Sophie est sortie pile au moment où nous croisions la route de deux globicéphales. Belle rencontre même si cette fois ci, ils ne sont pas restés bien longtemps autour du bateau (souvenirs d'une très longue rencontre, c'était il y a plus de 10 ans)
Plus tard, c'est une grosse tortue qui regarde passer le bateau à une vingtaine de mètres...
La côte sarde est parsemée de tours "Nuraghes" (civilisation nuragique, en 1600 et 600 avant JC !). Il y en aurait plusieurs miliers

En quittant notre dernier mouillage en Sardaigne


Des pales d'éoliennes en balade sur la mer à l'approche de la Sicile

Cela fait plusieurs heures que nous avons quitté les côtes. La géographie méditerranéenne fait que le sondeur n'affiche plus que '--' en guise de profondeur depuis un moment. Un coup d’œil sur la carte renseigne immédiatement ( c'est la magie des cartes) : sous la quille de 3Gouttes, les fonds sont à plus de 2500 m. Le vent est nul, la mer d'huile et le soleil cogne. Il n'en faut pas plus pour décider l'équipage à mettre en panne pour profiter d'un «petit» bain. En toute sécurité, chacun son tour et avec une ligne de vie à l'eau.
C'est une évidence mais je prends toujours du plaisir à constater que nous (humain, bateau ou n'importe quel bout de bois...) flottons avec autant d'aisance quelle que soit la hauteur de la colonne d'eau en dessous.
Une question bizarre est venue perturber mon quart nocturne récemment. À partir de quel moment un rocher entouré d'eau n'est plus un rocher mais une île ? Par quelle entourloupe le simple rocher que l'on observe de la plage s'élève au statut d'île ?
La question m'a fait sourire - oui, je souris seul la nuit à mes questions - mais cela méritait recherches et vérifications. Ce fut fait une fois atteinte l'ile de San Pietro (et donc internet).
Qui l'eût cru...
Nous avons mouillé face à une plage sur un fond de sable blanc. 7m, eau limpide qui permet de surveiller le travail de l'ancre depuis le pont.
On bulle, on se repose, on farniente, on nage, on sieste. Bref on ne fait pas grand chose.
Ce matin petite promenade à pied après avoir rejoint les cailloux avec l'annexe. Balade entrecoupée de baignade au gré des criques visitées. Il ne faudrait pas se dessécher. Même si c'est un réel plaisir retrouvé de déambuler dans les sentes de ce qui ressemble à de la garrigue.

Le lait est périmé, la farine et le sucre aussi. Les œufs, franchement vieux. Les pommes, pas mieux.
Le clafoutis, par contre fut vachement bon.